Des gravures sur pierre de l'Âge du Bronze Nordique montrent des formes humaines brandissant des haches (forme ancienne du marteau du dieu tonnerre, que les Baltes et les Slaves ont d'ailleurs conservée, puisque leur dieu du tonnerre, Perkunas/Perun, porte une hache). Mais il est difficile de savoir s'il s'agit d'un humain célébrant un rituel, ou d'une représentation du dieu lui-même.
Dans les Eddas, le marteau de Thôrr est mythiquement utilisé à plusieurs reprises pour bénir, y compris lors de cérémonies très humaines comme les mariages (son faux mariage avec le Géant Thrymr) ou les funérailles (quand il bénit le bâteau qui va servir de bûcher funéraire à Balder). La conclusion probable est que les humains faisaient de même lors des mariages et funérailles. Mais tout cela manque de preuves bien claires, par exemple une saga où on verrait un personnage bien humain utiliser un marteau grandeur nature lors d'une cérémonie bien réelle. Ou au moins, allez, une phrase sur l'existence bien concrète de grands marteaux rituels, par exemple quand on nous décrit un temple. Mais non.
Saaaauf, miracle, dans la Gesta danorum du prêtre chrétien Saxo Grammaticus (XIII, 5, 5, 2-5). Magnus Nilsson est élu roi du Götaland (sud de la Suède) vers l'an 1120, et est en conflit avec les Suédois à proprement parler (qui vivent plus au nord, dans le centre de l'actuelle Suède). Il pille des temples sur une île suédoise et en ramène "des marteaux inhabituellement lourds, qu'on appelle jupitériens" (= de Thôrr, dieu du tonnerre). Tout ceci se passe 40 ou 50 ans après la mort du dernier roi païen de Suède, Sven le Sacrificateur (Blôt-Sveinn), mais comme à l'époque le gouvernement ne contrôlait pas grand-chose dans les campagnes (et que pas moins de 4 rois se sont succédés pendant cette période) il est possible qu'il y ait encore eu des temples païens sur des îles suédoises. En tout cas, on a une trace écrite de marteaux bien matériels et pas miniatures du tout.
Saxo Grammaticus, Gesta danorum (XIII, 5, 5, 2-5), trad. Erlkönig a écrit : "Magnus, entre autres emblèmes de ses trophées, veilla à rapporter dans sa patrie des marteaux d'un poids inaccoutumé, qu'on appelait jupitériens, vénérés par les hommes dans les îles au sein d’une certaine religion très ancienne. En effet, désireux de comprendre les causes premières du tonnerre par analogie avec ce qui était familier, il avait estimé que ces marteaux, avec lesquels il croyait que les fracas du ciel étaient produits, étaient enveloppés de quantité d’airain, pensant que la force d'un si grand bruit devrait être le mieux imitée en apparence par les outils des artisans. Magnus en vérité, haïssant la religion païenne au profit d’un zèle pour les enseignements chrétiens, prit pour prétexte que l’on pouvait priver de leurs emblèmes sacrés le lieu du culte ainsi que Jupiter. Encore aujourd'hui, les Suiones le qualifient de profanateur, le tenant pour un voleur des possessions du ciel."
Magnus, inter cetera trophaeorum suorum insignia inusitati ponderis malleos, quos Ioviales vocabant, apud insularum quandam prisca virorum religione cultos, in patriam deportandos curavit. Cupiens enim antiquitas tonitruorum causas usitata rerum similitudine comprehendere, malleos, quibus caeli fragores cieri credebat, ingenti aere complexa fuerat, aptissime tantae sonoritatis vim rerum fabrilium specie imitandam existimans. Magnus vero, Christianae disciplinae studio paganam perosus, et fanum cultu et Iovem insignibus spoliare sanctitatis loco habuit. Et adhuc quidem eum Sueones perinde ac caelestium spoliorum raptorem sacrilegum autumant.