Pourquoi fait-on des offrandes aux dieux ? Le livre qui décrit le peuplement de l'Islande, le Landnamabók (I, 7), nous donne la réponse : Lítit lagðist hér fyrir góðan dreng, er þrælar skyldu at bana verða, ok sé ek svá hverjum verða, ef eigi vill blóta, c'est-à-dire "voici un triste sort pour un bon brave, de devoir être tué par des esclaves, et je vois que c'est ainsi qu'il en sera pour tous ceux qui ne veulent pas sacrifier".
En effet, les fondateurs de l'Islande sont censés avoir été deux frères de sang, Hjörleifr et Ingólfr. Hjörleifr ne voulait pas faire de sacrifices aux dieux, et dans la première année de son installation en Islande il sera traîtreusement assassiné par ses propres esclaves, ce qui est une mort sans gloire. Ingólfr, lui, laisse les dieux décider de l'endroit où il bâtit sa ferme, en jetant dans la mer, depuis son bâteau, les piliers du haut-siège qu'il a emportés de sa ferme norvégienne : il s'installe là où les vagues les amènent. Il sacrifie régulièrement aux dieux selon l'ancienne coutume, et pendant toute la période païenne de l'Islande ce sont ses héritiers qui auront le rang d'alsherjargoði ("prêtre national"), le 2e titre le plus prestigieux d'Islande car il consiste à célébrer de la part des Islandais les grands sacrifices que les rois célébraient en Norvège de la part de leur peuple.
Donc, leçon du jour : faites des sacrifices aux dieux, sinon vous allez finir assassinés par vos propres esclaves !
Pourquoi sacrifier aux dieux ?
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Pourquoi sacrifier aux dieux ?
Gottfried Karlssohn, vice-président et responsable régional pour la France (hors-Alsace).
Mes articles sur les traditions germano-scandinaves sont sur Un Tiers Chemin.
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Re: Pourquoi sacrifier aux dieux ?
Je rajoute ça ici :
Quelqu'un a demandé sur Facebook comment faire pour prier Frigg afin de concevoir un enfant. Voilà ma réponse :
Salut à toi ! Le mieux, c'est de se fier aux paroles de Óðinn :
"Veistu, hvé biðja skal? Veistu, hvé blóta skal?"
Hávamál (144, 3)
parce que :
"Betra er óbeðit en sé ofblótit,
Ey sér til gildis gjöf"
Hávamál (145, 1-2)
"Sais-tu comment il faut prier ? sais-tu comment il faut sacrifier ?", parce que "mieux vaut ne pas prier que trop sacrifier : tu seras toujours redevable pour un cadeau".
La base, c'est de choisir la divinité - on peut penser à d'autres, mais en effet Frigg peut agir sur ce type de cas (comme elle l'a fait dans la Völsunga saga).
Une fois la divinité choisie, il faut l'appeler : par son nom "principal", mais aussi par ses autres noms, par ses caractéristiques qui la rendent compétente pour accomplir ta demande.
Quand la divinité est appelée, on explique *pourquoi* : pourquoi elle est capable d'accomplir ta demande, et surtout pourquoi elle devrait le faire. Les "arguments" utilisés font généralement référence à "l'ancienne tradition" (forn siðr, c'est-à-dire le nom donné par les anciens Scandinaves à leur religion avant que le mot "Asatru" ne soit inventé dans un opéra du 19e siècle), parce que "si elle l'a déjà fait elle peut le refaire" et surtout parce que les traditions sont sacrées. Un gros plus est d'expliquer quel lien tu as avec la divinité, les autres fois où tu lui as fait des offrandes, donc pourquoi elle ne peut pas te "laisser tomber".
Enfin, il y a la demande en elle-même : ce dont tu as besoin, ce que tu offres maintenant, et ce que tu promets d'offrir si tu obtiens ce que tu as demandé.
Je te mets un exemple historique :
"Freyr, sagði hann, / (invocation)
er lengi hefir fulltrúi minn verit ok margar gjafar at mér þegit ok vel launat, / (arguments)
nú gef ek þér uxa þenna." (demande)
(Víga-Glúms saga Ch. 9)
"Freyr, dit-il, / (invocation)
tu as été de longue date "pleinement-fidèle" [ = ma divinité patronne] ; tu as reçu de nombreux cadeaux de ma part et m'as bien récompensé. / (arguments)
Maintenant, je te donne ce boeuf" ("demande", c'est-à-dire la demande qu'il accepte le sacrifice de boeuf comme remerciement)
Et un exemple perso ici : https://1tierschemin.wordpress.com/2019/08/29/der-gott-ingwin-fr-au-dieu-ingwin/
strophe 1 = invocation
strophes 2 à 4 = arguments
strophe 5 = demande
(c'était la prière et le sacrifice faits *après* que ma demande ait été accomplie)
La dernière question qui reste, donc, c'est : qu'est-ce que vous êtes prêts à offrir ?
Quelqu'un a demandé sur Facebook comment faire pour prier Frigg afin de concevoir un enfant. Voilà ma réponse :
Salut à toi ! Le mieux, c'est de se fier aux paroles de Óðinn :
"Veistu, hvé biðja skal? Veistu, hvé blóta skal?"
Hávamál (144, 3)
parce que :
"Betra er óbeðit en sé ofblótit,
Ey sér til gildis gjöf"
Hávamál (145, 1-2)
"Sais-tu comment il faut prier ? sais-tu comment il faut sacrifier ?", parce que "mieux vaut ne pas prier que trop sacrifier : tu seras toujours redevable pour un cadeau".
La base, c'est de choisir la divinité - on peut penser à d'autres, mais en effet Frigg peut agir sur ce type de cas (comme elle l'a fait dans la Völsunga saga).
Une fois la divinité choisie, il faut l'appeler : par son nom "principal", mais aussi par ses autres noms, par ses caractéristiques qui la rendent compétente pour accomplir ta demande.
Quand la divinité est appelée, on explique *pourquoi* : pourquoi elle est capable d'accomplir ta demande, et surtout pourquoi elle devrait le faire. Les "arguments" utilisés font généralement référence à "l'ancienne tradition" (forn siðr, c'est-à-dire le nom donné par les anciens Scandinaves à leur religion avant que le mot "Asatru" ne soit inventé dans un opéra du 19e siècle), parce que "si elle l'a déjà fait elle peut le refaire" et surtout parce que les traditions sont sacrées. Un gros plus est d'expliquer quel lien tu as avec la divinité, les autres fois où tu lui as fait des offrandes, donc pourquoi elle ne peut pas te "laisser tomber".
Enfin, il y a la demande en elle-même : ce dont tu as besoin, ce que tu offres maintenant, et ce que tu promets d'offrir si tu obtiens ce que tu as demandé.
Je te mets un exemple historique :
"Freyr, sagði hann, / (invocation)
er lengi hefir fulltrúi minn verit ok margar gjafar at mér þegit ok vel launat, / (arguments)
nú gef ek þér uxa þenna." (demande)
(Víga-Glúms saga Ch. 9)
"Freyr, dit-il, / (invocation)
tu as été de longue date "pleinement-fidèle" [ = ma divinité patronne] ; tu as reçu de nombreux cadeaux de ma part et m'as bien récompensé. / (arguments)
Maintenant, je te donne ce boeuf" ("demande", c'est-à-dire la demande qu'il accepte le sacrifice de boeuf comme remerciement)
Et un exemple perso ici : https://1tierschemin.wordpress.com/2019/08/29/der-gott-ingwin-fr-au-dieu-ingwin/
strophe 1 = invocation
strophes 2 à 4 = arguments
strophe 5 = demande
(c'était la prière et le sacrifice faits *après* que ma demande ait été accomplie)
La dernière question qui reste, donc, c'est : qu'est-ce que vous êtes prêts à offrir ?
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Re: Pourquoi sacrifier aux dieux ?
Dans le chapitre 16 de la Hrafnkels saga Freysgoða, le goði Hrafnkell apprend que son temple à Freyr a été brûlé par ses ennemis, et que Freyfaxi, le cheval qu'il avait consacré à Freyr, a été tué.
Pour revenir à la saga dont il est question ici, on apprend au chapitre 20 de la même saga que, à la mort de Hrafnkell, ses deux fils, Þórir et Ásbjörn, "ont eu en commun tous les deux la charge de goði" (báðir áttu þeir goðorðit saman). Autrement dit, il semble que Hrafnkell ait continué à exercer comme goði dans son district, même après avoir cessé de sacrifier aux dieux. Il a continué à arbitrer les conflits entre les hommes libres de son distinct, et à les représenter aux grandes assemblées réunissant les représentants des autres districts d'Islande, mais il avait cessé d'offrir en leur nom des sacrifices aux dieux. Une décision que le plupart des suivants de Hrafnkell semblent avoir acceptée, puisqu'ils ont accepté ses fils comme goðar.
Ayant constaté que Freyr ne l'a pas aidé à défendre ses biens contre ses ennemis (que ce soit par impuissance ou par mauvaise volonté de sa part), Hrafnkell cesse de lui faire confiance et de lui offrir des sacrifices. On peut d'ailleurs observer le même mécanisme à l'oeuvre que dans la décision du roi des Francs, Hlodowig, de se faire baptiser, si le Christ, qui est le dieu de sa femme Hlothild, lui donnait la victoire à Tolbiac contre les Alamans...Þá svarar Hrafnkell: "Ek hygg þat hégóma at trúa á goð". Ok sagðist hann þaðan af aldri skyldu á goð trúa, ok þat efndi hann síðan, at hann blótaði aldri.
Alors Hrafnkell répondit : "je suppose qu'il est inutile de faire confiance à un dieu". Et il déclara que désormais il ne ferait plus jamais confiance à un dieu, et il s'en est tenu à cela, de ne plus jamais sacrifier.
Pour revenir à la saga dont il est question ici, on apprend au chapitre 20 de la même saga que, à la mort de Hrafnkell, ses deux fils, Þórir et Ásbjörn, "ont eu en commun tous les deux la charge de goði" (báðir áttu þeir goðorðit saman). Autrement dit, il semble que Hrafnkell ait continué à exercer comme goði dans son district, même après avoir cessé de sacrifier aux dieux. Il a continué à arbitrer les conflits entre les hommes libres de son distinct, et à les représenter aux grandes assemblées réunissant les représentants des autres districts d'Islande, mais il avait cessé d'offrir en leur nom des sacrifices aux dieux. Une décision que le plupart des suivants de Hrafnkell semblent avoir acceptée, puisqu'ils ont accepté ses fils comme goðar.
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Re: Pourquoi sacrifier aux dieux ?
"Pour rencontrer Geirhildr vint Höttr ["Chapeau"] (il était Óðinn en réalité), quand elle était en sous-vêtements. Il négocia ceci avec elle : que le roi Alrekr la posséderait [comme épouse], mais qu'elle l'invoquerait lui pour toute chose. Le roi la vit, alors qu'il rentrait chez lui, et il y eût un mariage pour eux le même automne. [...] Le roi Alrekr [qui était déjà marié, à une certaine Signý] ne pouvait pas les garder toutes deux à cause de leur discorde, et déclara qu'il garderait celle ferait la meilleure bière pour lui, quand il rentrerait d'expédition militaire. Elles firent une compétition de brassage. Signý invoqua Freyja, mais Geirhildr, Höttr. Celui-ci mit comme lie son crachat [pour faciliter la fermentation, comme cela se faisait à l'époque], et déclara qu'il voudrait, à son retour, ce qui se trouvait entre le bassin et elle. Il s'avéra que la bière était bonne. Alors Alrekr déclara :
"Geirhildr, jeune femme,
Bonne est ta bière,
Si à cause d'elle des problèmes
Ne suivent pas.
Je vois pendre
Sur une haute potence
Ton fils, femme,
Vendu à Óðinn."
Cette même saison est né Víkarr, fils de Alrekr et de Geirhildr."
Morale de l'histoire :
* Óðinn vient voir les jeunes femmes en sous-vêtements,
* on peut invoquer Freyja ou lui pour brasser de la bière mais ça semble mieux marcher avec lui,
* un marché avec Óðinn coûte souvent davantage qu'il n'y paraît (le foetus dans le ventre était, évidemment ce qui se trouvait "entre le bassin et elle" ; Víkarr est le roi qui sera sacrifié par Starkaðr dans la Gautreks saga),
* toutes les sagas légendaires intéressantes ne sont pas encore traduites en français... On peut trouver une traduction anglaise ici : http://germanicmythology.com/Ballads/HalfsagaTunstall.html (Peter Tunstall, 2005)
"Geirhildr, jeune femme,
Bonne est ta bière,
Si à cause d'elle des problèmes
Ne suivent pas.
Je vois pendre
Sur une haute potence
Ton fils, femme,
Vendu à Óðinn."
Cette même saison est né Víkarr, fils de Alrekr et de Geirhildr."
Morale de l'histoire :
* Óðinn vient voir les jeunes femmes en sous-vêtements,
* on peut invoquer Freyja ou lui pour brasser de la bière mais ça semble mieux marcher avec lui,
* un marché avec Óðinn coûte souvent davantage qu'il n'y paraît (le foetus dans le ventre était, évidemment ce qui se trouvait "entre le bassin et elle" ; Víkarr est le roi qui sera sacrifié par Starkaðr dans la Gautreks saga),
* toutes les sagas légendaires intéressantes ne sont pas encore traduites en français... On peut trouver une traduction anglaise ici : http://germanicmythology.com/Ballads/HalfsagaTunstall.html (Peter Tunstall, 2005)
Hálfs saga ok Hálfsrekka, chap. 1 a écrit :Til fundar við Geirhildi kom Höttr, er Óðinn var reyndar, þá er hún var at léreptum. Hann keypti því við hana, at Alrekr konungr skyldi eiga hana, en hún skyldi á hann heita til alls. Konungr sá hana, er hann fór heim, ok gerði brúðlaup til hennar it sama haust. [...] Alrekr konungr mátti eigi eiga þær báðar fyrir ósamþykki þeira ok kveðst þá þeira eiga skyldu, er betra öl gerði mót honum, er hann kæmi heim ór leiðangri. Þær kepptust um ölgerðina. Signý hét á Freyju, en Geirhildr á Hött. Hann lagði fyrir dregg hráka sinn ok kveðst vilja fyrir tilkvámu sína þat, er var milli kersins ok hennar. En þat reyndist gott öl. Þá kvað Alrekr:
"Geirhildr, getta,
gott er öl þetta,
ef því andmarkar
engir fylgja.
Ek sé hanga
á hávum gálga
son þinn, kona,
seldan Óðni."
Á þeim misserum var fæddr Víkarr, sonr Alreks ok Geirhildar.
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Re: Pourquoi sacrifier aux dieux ?
Dans la Laxdæla saga, les Islandais païens, qui passent l'été en Norvège avant de repartir en Islande, constatent l'arrivée précoce d'un automne très froid qui les empêche de rentrer chez eux comme prévu, et disent que "à cause des innovations du roi et de ses nouvelles coutumes, les dieux sont en colère" (le nouveau roi de Norvège, le chrétien Olaf Tryggvason, venait d'interdire les sacrifices).
Moralité : l'ancienne coutume (forn siðr) plaît aux dieux et ils donnent une bonne météo, les innovations et les nouvelles coutumes (nýbreytni et nýja siðar) fâchent les dieux et ils donnent un mauvais temps. Dans cette saga comme ailleurs, la christianisation est nommée siðaskipti : "le changement de coutume".Laxdæla saga, ch. 40 a écrit :Veðráttu gerði harða um haustið. Voru frost mikil og kuldar. Heiðnir menn segja það eigi undarlegt að veðrátta léti illa: "Geldur að nýbreytni konungs og þessa hins nýja siðar er goðin hafa reiðst."
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Re: Pourquoi sacrifier aux dieux ?
Merci Sok pour ces précieux partages.
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Re: Pourquoi sacrifier aux dieux ?
Me suis amusé à compiler tous les mots composés avec sæll (béni / chanceux) dans le dictionnaire de vieux-norrois de Cleasby & Vigfusson. Sæll est généralement associé à une bénédiction accordée par les dieux et/ou le destin.
ástsæll (chanceux en matière d’amour)
ársæll (chanceux en matière de récoltes)
drykksæll (chanceux en matière de brassage de boisson)
farsæll (chanceux en matière de voyage)
fengsæll (chanceux en matière de pêche)
fésæll (chanceux en matière de richesses)
friðsæll (chanceux en matière de paix)
hlutsæll (chanceux en matière de tirage au sort)
konungsæll (chanceux en matière de roi - c’est important d’avoir de bons chefs !)
kynsæll (chanceux en matière de descendance)
lofsæll (chanceux en matière de louanges)
matsæll (chanceux en matière de nourriture)
orðsæll (chanceux en matière de réputation)
saksæll (chanceux en matière de procès)
sigrsæll (chanceux en matière de victoire)
veðrsæll (chanceux en matière de météo)
vinsæll (chanceux en matière d’amitié)
En gros, ça se répartir en deux catégories : les interactions humaines (amour, richesse, paix, dirigeants, louanges, réputation, procès, victoire, amitié) et les phénomènes biologiques ou naturels (récoltes, brassage, voyage, pêche, descendance, nourriture, météo). Avec en bonus hlutsæll, "chanceux en matière de tirage au sort", parce que c'est important d'être chanceux en matière de chance... (c'est aussi le mot utilisé pour les pratiques oraculaires ou divinatoires pendant les sacrifices).
On notera que ár (récoltes), friðr (paix), konungr (le roi) et sigr (victoire) sont explicitement mentionnés comme étant la raison pour laquelle les principaux sacrifices annuels sont effectués dans la Heimskringla, tandis que d'autres sont mentionnés dans la Gylfaginning comme la raison principale pour laquelle telle ou telle divinité est invoquée : ást (amour), fé (richesse). Enfin, on trouve ici et là d'autres mentions de dieux intervenant en la matière quand ils sont priés (par exemple la météo, le brassage de bière, la fertilité humaine ou les voyages en mer). Bref, cela nous fait une liste assez longue (même si pas exhaustive) et raisonnablement fiable de raisons pour lesquelles sacrifier aux dieux.
ástsæll (chanceux en matière d’amour)
ársæll (chanceux en matière de récoltes)
drykksæll (chanceux en matière de brassage de boisson)
farsæll (chanceux en matière de voyage)
fengsæll (chanceux en matière de pêche)
fésæll (chanceux en matière de richesses)
friðsæll (chanceux en matière de paix)
hlutsæll (chanceux en matière de tirage au sort)
konungsæll (chanceux en matière de roi - c’est important d’avoir de bons chefs !)
kynsæll (chanceux en matière de descendance)
lofsæll (chanceux en matière de louanges)
matsæll (chanceux en matière de nourriture)
orðsæll (chanceux en matière de réputation)
saksæll (chanceux en matière de procès)
sigrsæll (chanceux en matière de victoire)
veðrsæll (chanceux en matière de météo)
vinsæll (chanceux en matière d’amitié)
En gros, ça se répartir en deux catégories : les interactions humaines (amour, richesse, paix, dirigeants, louanges, réputation, procès, victoire, amitié) et les phénomènes biologiques ou naturels (récoltes, brassage, voyage, pêche, descendance, nourriture, météo). Avec en bonus hlutsæll, "chanceux en matière de tirage au sort", parce que c'est important d'être chanceux en matière de chance... (c'est aussi le mot utilisé pour les pratiques oraculaires ou divinatoires pendant les sacrifices).
On notera que ár (récoltes), friðr (paix), konungr (le roi) et sigr (victoire) sont explicitement mentionnés comme étant la raison pour laquelle les principaux sacrifices annuels sont effectués dans la Heimskringla, tandis que d'autres sont mentionnés dans la Gylfaginning comme la raison principale pour laquelle telle ou telle divinité est invoquée : ást (amour), fé (richesse). Enfin, on trouve ici et là d'autres mentions de dieux intervenant en la matière quand ils sont priés (par exemple la météo, le brassage de bière, la fertilité humaine ou les voyages en mer). Bref, cela nous fait une liste assez longue (même si pas exhaustive) et raisonnablement fiable de raisons pour lesquelles sacrifier aux dieux.
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Re: Pourquoi sacrifier aux dieux ?
"Il n'est pas étonnant qu'un grand pouvoir vous suive, vous devez connaître les intentions des dieux et savoir qui prier pour quel oracle ou quelle bénédiction."Gylfaginning, ch. 24 (Codex Upsaliensis) a écrit :Eigi er undr at mikill kraptr fylgi yðr, er þér skuluð kunna skyn [g]uðanna ok vita hvern biðja skal hvers hlutar eða hverrar bœnar.
(ce passage correspond au ch.25 de l'édition standard, basée sur les trois autres manuscrits, qui ne diffèrent que très légèrement, remplaçant "pour quel oracle ou quelle bénédiction" par "pour quelles bénédictions").
Dillmann traduit par : "aussi n'est-il pas étonnant que vous disposiez d'un grand pouvoir*, vous qui possédez une profonde connaissance des dieux et qui savez en toute circonstance auquel d'entre eux il faut adresser des prières".
Il annote : *(ce grand pouvoir est sans doute conçu comme étant d'essence magique, car le mot kraptr, s'il signifie "force", possède également une connotation surnaturelle)
A plusieurs endroits, il précise dans ses notes les divergences entre les différents manuscrits (le plus souvent entre la version U que je présente ici et les trois autres), mais s'en abstient ici.
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