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Le rôle des lacs et étendues d'eau

Publié : 07 oct. 2018 13:06
par Ahnentreu
Je voudrais juste ouvrir ce topic pour parler du rôle des lacs et étendues d'eau dans le paganisme germanique antique et des façons d'utiliser ces lieux dans nos pratiques actuelles.
Tout d'abord la plupart des éléments que je mentionne remontent loin dans le temps mais si vous connaissez des utilisations et références plus récentes je vous prie d'en faire part dans ce fil de discussion ;)

Alors pour commencer, au sujet du mon: lac en Allemand se dit "See", ce qui serait apparemment lié avec le mot actuellement utilisé dans cette langue pour dire "âme" qui se dit "Seele".
Lorsque j'ai lu cela sur un blog en allemand je pensais à un raccourcis maladroit mais en fait non :mrgreen: ... cela est confirmé par tout les dictionnaire sérieux dans la section étymologie (Herkunft): https://www.duden.de/rechtschreibung/Seele

A un niveau moins lointains dans le temps, il y a la question des Moorleiche (hommes des tourbières) qui attestent d'une importance du rôle des lacs et surtout marais pour la connexion avec les autres mondes.
Ces hommes ont été sacrifiés. Le fait de savoir si c'était des sacrifices volontaire ou de prisonniers ennemie n'est pas encore complétement résolu mais la théorie disant qu'il s'agit de "roi" ou chef ayant échoué semble quand même plausible. C'est un trait de fonctionnement que l'on retrouve chez les celtes comme les germains.
A ce sujet on a les mots de l’historien Tacite dans sa "Germania" «Proditores et transfugas arboribus suspendunt, ignavos et imbelles et corpore infames cæno ac palude, injecta insuper crate, mergunt» (Ils pendent les traîtres et les fuyards aux arbres, et noient les lâches, les infirmes et ceux qui refusent de se battre dans la fange et les marais, en les couvrant de branchages).
Bon après Tacite n'est pas toujours très réaliste dans cette idéalisation du "bon sauvage"que sont les Germains :? Cela rappelle souvent les Athénien parlant des Spartiates.

Bref, le marais/lac/étendue d'eau semble pouvoir jouer une rôle important dans la communication avec d'autres mondes/domaines surnaturels. Cela reste toutefois souvent lié à la mort et à l’existence de personnes en dehors de la forme de vie.

Un dernier exemple qui, me vient en tête est la déesse Holda (Frigg/Perchta) ou des légendes parlent d'enfants allant en son domaine en tombant dans un puits (je rappelle qu'elle garde les âmes-Seele des enfants morts)...

Un lac semble donc faire sens pour des cérémonies reliés au monde des mort et autres "eau-delà" non? :mrgreen:

Re: Le rôle des lacs et étendues d'eau

Publié : 11 oct. 2018 22:02
par Galt Langrskegg
Oui.
Pour les marais et/ou les tourbières, quand on se promène dedans ce qui est assez frappant c'est que par moment on ne sait pas si on marche sur la terre ou sur l'eau. Et comme certains le pense c'est probablement cette caractéristique liminale, d'entre deux mondes, qui devait donner son aspect magique et symbolique à ces lieux.

L'eau est également un élément de vie ; sans eau pas de fertilité (agraire). Les sources ont aussi cet aspect un peu liminal si on veut bien.
Les cascades ont également de vivant le mouvement, le bruit (là je spécule sur cet vision chez nos ancêtres)

Pour les lacs on a des preuves archéo d'offrandes qui étaient faites dans les lacs, chez les germains continentaux à l'époque romaine jusque chez les scandinaves de l'âge viking.

Re: Le rôle des lacs et étendues d'eau

Publié : 25 oct. 2018 15:58
par SebK
Tacite parle également du culte particulier à Nerthus/Erda qui se déroule sur une île, dont l'image est purifiée dans l'eau du lac et auquel des esclaves sont sacrifiés (par noyade?)
Ces peuples, pris séparément, n'offrent rien de remarquable : un usage commun à tous, c'est l'adoration de Ertha, c'est-à-dire la Terre Mère. Ils croient qu'elle intervient dans les affaires des hommes, et qu'elle se promène quelquefois au milieu des nations. Dans une île de l'Océan est un bois consacré, et, dans ce bois, un char couvert, dédié à la déesse. Le prêtre seul a le droit d'y toucher ; il connaît le moment où la déesse est présente dans ce sanctuaire ; elle part traînée par des génisses, et il la suit avec une profonde vénération. Ce sont alors des jours d'allégresse ; c'est une fête pour tous les lieux qu'elle daigne visiter et honorer de sa présence. Les guerres sont suspendues ; on ne prend point les armes ; tout fer est soigneusement enfermé. Ce temps est le seul où ces barbares connaissent, le seul où ils aiment la paix et le repos ; il dure jusqu'à ce que, la déesse étant rassasiée du commerce des mortels, le même prêtre la rende à son temple. Alors le char,et les voiles qui le couvrent, et, si on les en croit, la divinité elle même, sont baignés dans un lac solitaire. Des esclaves s'acquittent de cet office, et aussitôt après le lac les engloutit. De là une religieuse terreur et une sainte ignorance sur cet objet mystérieux qu'on ne peut voir sans périr. (TACITE, De situ ac populis Germaniae chap. 40)